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Parvine  E'tessami. Pionnière de la poésie des femmes iraniennes
Parvine  E'tessami. Pionnière de la poésie des femmes iraniennes
Parvine  E'tessami. Pionnière de la poésie des femmes iraniennes

Parvine E’tessâmi

  • Poèmes choisis et traduits du persan par Jalal Alavinia
  • Dessin de couverture Mahtab Safavian 
  • Editions L'Harmattan 

Parvine E’tessâmi, née à Tabriz le 16 mars 1907, meurt de la typhoïde le 5 avril 1941 à Téhéran à l’âge de 34 ans. Bien que brève, l’existence de cette femme symbolise la réussite des femmes iraniennes au début du XXe siècle et sa poésie continue d’être une des plus appréciées dans son pays. Elle nait en même temps que la Révolution constitutionnelle qui tenta en 1906 d’instaurer un régime démocratique, puis grandit sous le régime monarchique de Reza Shah Pahlavi (elle meurt la même année que la destitution du Reza Shah en 1941). Elle fut par conséquent témoin des événements sociopolitiques de cette époque et artisane de la modernisation de l’Iran tout en s’opposant à la tyrannie qu’institua Reza Shah Pahlavi (elle refusa par exemple à de nombreuses reprises les « médailles officielles » que le pouvoir souhaitait lui attribuer).

Son père, Youssef E’tessâmi (1874-1938), journaliste et homme de lettres, joua un rôle majeur dans sa formation (elle ne lui survécut que de quelques années). Par lui, elle rencontra des figures importantes de la culture iranienne, dont Ali Akbar Dehkhodâ (1879-1959), éminent linguiste et auteur d’un célèbre dictionnaire, ou le poète Mohammad Taqi Bahâr (1886-1951). Il l’initia également par ses propres traductions à la poésie occidentale, notamment La Fontaine.

En 1934, elle se maria avec un cousin paternel, mais elle divorça aussitôt, son mari ne partageant pas les intérêts de sa femme pour la littérature.

Son talent, encouragé par son père, se révéla très jeune. Elle publie ses premières poésies dans des revues, mais son Divan (un recueil de 156 poèmes) ne paraît qu’en 1935, après son divorce. Un autre Divan (cette fois de 209 poèmes) ne paraîtra que de manière posthume en 1941.

L’œuvre demeure fidèle à la tradition de la poésie classique tout en la modernisant. En elle, par sa dimension philosophique ou « moraliste » (dans le sens des Moralistes français du XVIIe siècle), on reconnaît l’empreinte mélancolique d’Omar Khayyam (XIe siècle) ou celle plus didactique de Sa’adi (XIIIe siècle). Parvine E’tessâmi réinvente le masnavi, de longs poèmes lyriques et narratifs dont le poète soufi Rûmî (XIIIe) est le maître, ou le ghazal. Une des particularités de sa poésie est le dialogue dans lequel elle donne la parole à des animaux pour faire éclater une vérité humaine. D’après Bahâr, qui préfaça le Divan de 1935, s’il ne fallait retenir qu’un seul poème, il faudrait citer « Le voyage d’une larme », un des poèmes les plus populaires de Parvine E’tessâmi en Iran.

Au jardin de la poésie

Au jardin de la poésie,

plein de roses et de printemps,

le jeune arbre de mon talent

porte aussi des feuilles et des fruits.

Mes poèmes et mes mots

comme zéro après les chiffres

prennent un aspect important.

Espérons qu’ils plaisent

au goût des savants.

C’est tout de même l’œuvre

de l’atelier de mes envies.

La poussière de ma joie,

si elle n’a pas touché le soleil,

point de souci ! Heureuse la joie

touchée par la poussière.

Je confie ce dépôt aux mains du temps.

C’est un joaillier et un juge intelligent.

Il noircit le cuivre et le zinc dans son étuve

et, partout où se trouve de l’or pur, il le garde.

Comme un jardinier, le jardinier-de-l’Être

n’apprécie non plus un buisson

avec des épines et sans fleurs.

Ma parole n’est pas digne des maîtres du savoir,

elle n’est qu’un souvenir dans ce modeste cahier.

Parvine E’tessâmi

Téhéran, juin 1935

 

 

 

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